Educación Secundaria Obligatoria

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sábado, 14 de mayo de 2011

Fables de La Fontaine

Introducción (écouter)
Fables de Jean de La Fontaine
Voix de Jean Paul Alexis (diffusion autorisée)


La cigale, ayant chanté tout l'été,
Se trouva fort dépourvue quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau.
Elle alla crier famine chez la fourmi sa voisine, la priant de lui prêter quelque grain pour subsister jusqu'à la saison nouvelle.
-  Je vous paierai, lui dit-elle, avant l'août, foi d'animal, intérêt et principal.
La fourmi n'est pas prêteuse ; c'est là son moindre défaut.
-  Que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cette emprunteuse.
-  Nuit et jour à tout venant, je chantais, ne vous déplaise !
-  Vous chantiez ? J'en suis fort aise. Eh bien… dansez maintenant !



Maître corbeau, sur un arbre perché, tenait en son bec un fromage.
Maître renard, par l'odeur alléché, lui tint à peu près ce langage :
-  Eh, bonjour monsieur du corbeau. Que vous êtes joli, que vous me semblez beau !
-  Sans mentir, si votre ramage se rapporte à votre plumage, vous êtes le phénix des hôtes de ces bois.
A ces mots le corbeau ne se sent pas de joie, et pour montrer sa belle voix, il ouvre un large bec ; laisse tomber sa proie.
Le renard s'en saisit, et dit :
-  Mon bon monsieur, apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute ; cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le corbeau honteux et confus, jura mais un peu tard, qu'on ne l'y prendrait plus.



Une grenouille vit un bœuf qui lui sembla de belle taille.
Elle qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, envieuse, s'étend et s'enfle, et se travaille pour égaler l'animal en grosseur, disant :
Regardez bien, ma soeur, est-ce assez ? Dites-moi : n'y suis-je point encore ?
-  Nenni.
-  M'y voici donc ?
-  Point du tout.
-  M'y voilà ?
-  Vous n'en approchez point !
La chétive pécore, s'enfla si bien qu'elle creva.

Le monde est plein de gens qui ne sont pas plus sages :
-  tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs,
-  tout petit prince a des ambassadeurs,
-  tout marquis veut avoir des pages.



Deux mulets cheminaient ; l'un d'avoine chargé, l'autre portant l'argent de la gabelle.
Celui-ci, glorieux d'une charge si belle, n'eût voulu pour beaucoup en être soulagé.

Il marchait d'un pas relevé, et faisait sonner sa sonnette :
Quand, l'ennemi se présentant, comme il en voulait à l'argent, sur le mulet du fisc une troupe se jette, le saisit au frein, et l'arrête.

Le mulet se défendant, se sent percer de coups : il gémit, il soupire :
-  Est-ce donc là, dit-il, ce qu'on m'avait promis ? Ce mulet qui me suit du danger se retire, et moi j'y tombe, et je péris.
-  Ami, lui dit son camarade, il n'est pas toujours bon d'avoir un haut emploi. Si tu n'avais servi qu'un meunier, comme moi, tu ne serais pas si malade !



Un loup n'avait que les os et la peau.
Tant les chiens faisaient bonne garde.

Ce loup rencontre un dogue aussi puissant que beau.
Gras, poli, qui s'était fourvoyé par mégarde.

L'attaquer, le mettre en quartiers,
Sire loup l'eût fait volontiers.
Mais il fallait livrer bataille :
Et le mâtin était de taille.
A se défendre hardiment.

Le loup donc l'aborde humblement,
Entre en propos, et lui fait compliment
Sur son embonpoint qu'il admire.

-  Il ne tiendra qu'à vous, beau sire, d'être aussi gras que moi, lui repartit le chien.        
Quittez les bois, vous ferez bien :     
vos pareils y sont misérables, cancres, haines, et pauvres diables, dont la condition est de mourir de faim.     
Car quoi ? Rien d'assuré ; point de franche lippée, tout à la pointe de l'épée.    
Suivez-moi ; vous aurez un bien meilleur destin.

Le loup reprit :
-  Que me faudra-t-il faire ?
-  Presque rien, dit le chien : Donner la chasse aux gens portant bâtons, et mendiants. Flatter ceux du logis. A son maître complaire. Moyennant quoi votre salaire sera force reliefs de toutes les façons : os de poulets, os de pigeons… sans parler de mainte caresse.

Le loup déjà se forge une félicité qui le fait pleurer de tendresse.

Chemin faisant il vit le col du chien pelé :
-  Qu'est-ce là ? Lui dit-il.
-  Rien !
-  Quoi ? Rien ?
-  Peu de chose !
-  Mais encore ?
-  Le collier dont je suis attaché de ce que vous voyez est peut-être la cause.
-  Attaché ? dit le loup. Vous ne courez donc pas où vous voulez ?
-  Pas toujours, mais qu'importe ?
-  Il importe si bien, que de tous vos repas je ne veux en aucune sorte ; et ne voudrais pas même à ce prix un trésor !

Cela dit, maître loup s'enfuit, et court encore.



Jupiter dit un jour : Que tout ce qui respire s'en vienne comparaître aux pieds de ma grandeur.
Si dans son composé quelqu'un trouve à redire, il peut le déclarer sans peur.
Je mettrai remède à la chose.

Venez, singe ; parlez le premier, et pour cause.
Voyez ces animaux ; faites comparaison de leurs beautés avec les vôtres :
Êtes-vous satisfait ?
Moi ? Dit-il, pourquoi non ?
N'ai-je pas quatre pieds aussi bien que les autres ?
Mon portrait jusqu'ici ne m'a rien reproché :
Mais pour mon frère l'ours, on ne l'a qu'ébauché :
Jamais, s'il me veut croire, il ne se fera peindre.

L'ours venant là-dessus, on crut qu'il s'allait plaindre.
Tant s'en faut ; de sa forme il se loua très fort :
Glosa sur l'éléphant ; dit qu'on pourrait encore
Ajouter à sa queue, ôter à ses oreilles :
Que c'était une masse informe et sans beauté.

L'éléphant étant écouté,
Tout sage qu'il était, dit des choses pareilles :
Il jugea qu'à son appétit
Dame baleine était trop grosse.
Dame fourmi trouva le citron trop petit,
Se croyant, pour elle, un colosse.

Jupin les renvoya s'étant censurés tous :
Du reste, content d'eux ; mais, parmi les plus fous,
Notre espèce excella ; car tout ce que nous sommes,
Lynx envers nos pareils, et taupes envers nous,
Nous nous pardonnons tout, et rien aux autres hommes :
On se voit d'un autre oeil qu'on ne voit son prochain.

Le fabricateur souverain.
Nous créa besaciers tous de même manière :
Tant ceux du temps passé que du temps d'aujourd'hui.
Il fit pour nos défauts la poche de derrière,
Et celle de devant pour les défauts d'autrui.



Autrefois le rat de ville,
Invita le rat des champs,
D'une façon fort civile,
A des reliefs d'ortolans.

Sur un tapis de turquie,
Le couvert se trouva mis :
Je laisse à penser la vie,
Que firent ces deux amis.

Le régal fut fort honnête,
Bien ne manquait au festin :
Mais quelqu'un troubla la fête,
Pendant qu'ils étaient en train.

A la porte de la salle,
Ils entendirent du bruit :
Le rat de ville détale,
Son camarade le suit.

Le bruit cesse, on se retire :
Rats en campagne aussitôt :
Et le citadin de dire :
Achevons tout notre rôt.

C'est assez, dit le rustique :
Demain vous viendrez chez moi.
Ce n'est pas que je me pique,
De tous vos festins de roi.
Mais rien ne vient m'interrompre,
Je mange tout à loisir.

Adieu donc ; fi du plaisir,
Que la crainte peut corrompre.



La raison du plus fort est toujours la meilleure :
Nous l'allons montrer tout à l'heure.

Un agneau se désaltérait,
Dans le courant d'une onde pure.

Un loup survient, à jeun, qui cherchait aventure,
Et que la faim en ces lieux attirait.
-  Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage ? 
Dit cet animal plein de rage.    
Tu seras châtié de ta témérité.
-  Ôh, Sire, répond l'agneau, que votre majesté,     
Ne se mette pas en colère,       
Mais plutôt qu'elle considère,  
Que je me vas désaltérant,       
Dans le courant,   
A plus de vingt pas au-dessous d'elle.       
Et que par conséquent en aucune façon,    
Je ne puis troubler sa boisson.
-  Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,      
Et je sais que de moi tu médis l'an passé.
-  Comment l'aurais-je fait, si je n'étais pas né ?     
Reprit l'agneau ; je tette encore ma mère.
-  Si ce n'est toi, c'est donc ton frère.
-  Je n'en ai point.
-  C'est donc quelqu'un des tiens,
Car vous ne m'épargnez guère,
Vous, vos bergers, et vos chiens.      
On me l'a dit : il faut que je me venge.

Là-dessus au fond des forêts.
Le loup l'emporte, et puis le mange,
Sans autre forme de procès.